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Jacques Martinet : « En 2025, on n’a jamais autant eu besoin des CCI »

Dernière mise à jour : 3 mars

Face aux bouleversements économiques, à la transition écologique et numérique, et à une conjoncture marquée par un climat d’incertitude, Jacques Martinet, président de la CCI Centre-Val de Loire, se veut à la fois lucide et optimiste. Il défend une institution plus que jamais essentielle pour accompagner les entreprises et relancer la dynamique régionale.

Face aux bouleversements économiques, à la transition écologique et numérique, et à une conjoncture marquée par un climat d’incertitude, Jacques Martinet, président de la CCI Centre-Val de Loire, se veut à la fois lucide et optimiste. Il défend une institution plus que jamais essentielle pour accompagner les entreprises et relancer la dynamique régionale.
« Rapatrier des industries en France est une priorité, mais encore faut-il avoir les infrastructures, les terrains, les compétences. »

Avant de prendre la tête de la CCI Centre-Val de Loire, Jacques Martinet n’imaginait pas évoluer dans le monde consulaire. Issu d’une famille de commerçants, il s’est forgé une expérience au sein de l’entreprise familiale de tissus, Caréfil, fondée en 1919 à Blois. « Nous sommes marchands de tissus depuis cinq générations. Mon grand-père a posé la première pierre en 1919, et depuis, la famille a perpétué cette tradition », raconte-t-il avec une pointe de fierté.


Lorsqu’il approche de la retraite, il se pose la question de la transmission. « Claire, ma fille, a quitté Maison du Monde pour nous rejoindre. Un jour, elle nous a dit : "Je veux bien reprendre la société". » Depuis, elle a pris les rênes de l’entreprise, tandis que lui s’est tourné vers un engagement plus large : représenter et défendre les entreprises du territoire.


Une CCI plus que jamais essentielle

Avec la multiplication des dispositifs d’aide aux entreprises, on pourrait croire que les Chambres de Commerce ont perdu de leur pertinence. Jacques Martinet affirme tout le contraire : « Aujourd’hui, en 2025, on n’a jamais autant eu besoin des CCI. »


Selon lui, leur force réside dans leur proximité avec les entrepreneurs, mais aussi dans leur capacité à fédérer les acteurs économiques. « On accompagne, on est présents sur le terrain, on travaille main dans la main avec la Région et les autres organismes de développement économique. »


L’échelon régional, qu’il représente, joue un rôle de pivot entre les entreprises locales et les instances nationales, comme CCI France. « Nous avons pu monter un projet régional aligné avec les priorités nationales. C’est cette synergie qui donne de la force à nos actions. »


Parmi les axes stratégiques prioritaires, il cite notamment l’internationalisation des entreprises, le tourisme, mais aussi des fonctions supports essentielles comme les ressources humaines et le financement.


Un climat économique tendu, mais des perspectives à saisir

La conjoncture actuelle n’est pas simple pour les entreprises de la région. Après le « quoi qu’il en coûte » du Covid, les remboursements des prêts garantis par l’État (PGE), la hausse des taux d’intérêt et un contexte international tendu (guerre en Ukraine, incertitudes politiques), beaucoup d’entrepreneurs sont en mode attentiste.


« Nous sommes dans une période où les investissements ralentissent. Et sans investissement, on ne crée pas de richesse. C’est valable pour les entreprises, les collectivités, l’État lui-même. Ce climat de méfiance pèse sur l’économie. »


Il pointe aussi une transformation profonde des modes de consommation, notamment dans le commerce. « Aujourd’hui, les deux entreprises qui vendent le plus de prêt-à-porter en France sont un site chinois et Vinted. C’est une révolution. Avant, on parlait de fidélité à une enseigne physique, aujourd’hui, ce modèle est remis en cause. »


Pour répondre à ces bouleversements, il plaide pour une redéfinition des centres-villes, en les adaptant aux nouvelles attentes des consommateurs, mais aussi pour une réindustrialisation des territoires. « Rapatrier des industries en France est une priorité, mais encore faut-il avoir les infrastructures, les terrains, les compétences. »


Accompagner les entreprises dans la transition écologique et numérique

La transition écologique et numérique est l’un des grands chantiers du mandat de Jacques Martinet. « Aujourd’hui, un chef d’entreprise ne peut plus ignorer ces enjeux. Il y a une vraie transformation des mentalités, notamment avec la jeune génération. »


Il insiste sur la nécessité de concilier performance économique et responsabilité sociétale : « On ne parle plus de salariés, mais de collaborateurs. Il y a un changement dans la culture d’entreprise, dans la gestion des talents, et c’est une très bonne chose. »


Sur le volet numérique, il reconnaît que certains dirigeants ont encore du mal à s’adapter. « Il y a encore des chefs d’entreprise qui n’arrivent pas à se projeter. La cybersécurité, l’intelligence artificielle… Tout cela est fascinant, mais présente aussi des risques qu’il faut anticiper. »


Les CCI jouent un rôle clé en sensibilisant et en accompagnant les entreprises dans ces mutations, grâce à des initiatives comme The Place by CCI, qui aide les start-ups à se structurer, ou Le Labo à Orléans, un espace dédié à l’innovation.


Une institution trop politique ? « Pas du tout ! »

Une critique revient souvent lorsqu’on parle des CCI : elles seraient trop politisées. Jacques Martinet balaie cette idée d’un revers de main : « Ce n’est pas politique du tout ! J’ai fait 40 ans de politique, je sais faire la différence. » Il rappelle que les chambres consulaires reposent sur des élus. « Nous sommes des chefs d’entreprise avant tout, et nous parlons le même langage que ceux que nous accompagnons. »


Le vrai problème, selon lui, c’est plutôt le faible taux de participation aux élections consulaires. « Aux dernières élections, nous avons eu seulement 8 % de votants. C’est bien trop peu. Pourtant, chaque entreprise a le droit de vote, et c’est un enjeu crucial. »


Un appel à l’ambition collective

Face aux défis économiques, Jacques Martinet refuse le fatalisme. Pour lui, il faut cesser de se comparer à un passé idéalisé et regarder devant. « On dit que c’est plus dur qu’il y a 30 ou 40 ans ? Non. C’est juste différent. Chaque époque a ses défis. »


Il appelle aussi à une Europe plus ambitieuse. « Quand on voit ce que font les États-Unis ou la Chine, on se dit que l’Europe a tout pour rivaliser. Mais elle manque de punch, d’audace. Il faut arrêter d’empiler des règles et se donner une vraie vision. »


Quant aux entreprises françaises, il estime qu’elles doivent retrouver une autonomie et ne pas compter uniquement sur les aides publiques. « L’État et les collectivités ne peuvent pas tout faire. Certaines entreprises doivent aussi accepter de se réinventer. »


Malgré les incertitudes, Jacques Martinet reste confiant : « Nous sommes là pour porter un message d’optimisme et de réalisme. » Alors que les entreprises de la région cherchent des repères dans un monde en mutation, la CCI Centre-Val de Loire entend bien jouer son rôle de guide et d’accélérateur de transformation.

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