Stéphane Tulipani : le capitaine d’Oréliance, à la barre d’un pôle de santé en pleine mutation
- La rédaction d'Orléans Capitale
- il y a 11 heures
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À la tête de l’un des plus grands pôles de santé privés de France, Stéphane Tulipani incarne une trajectoire hors norme. À 51 ans, le PDG du Pôle Santé Oréliance dirige une clinique dynamique, en expansion, malgré un contexte sanitaire et économique contraint. Portrait d’un homme de défis.

Un juriste devenu stratège hospitalier
Originaire d’un village des Hautes-Alpes, Stéphane Tulipani ne se destinait pas au monde hospitalier. « Mon père était garagiste, j’étais censé reprendre le garage familial. Mais j’ai préféré le droit. » Après des études à Aix-en-Provence, puis Montpellier, il découvre par hasard l’univers des établissements de santé en s’inscrivant dans plusieurs diplômes universitaires, faute de place ailleurs. Le coup de foudre est immédiat : « J’ai enchaîné avec un DESS d’économie et gestion hospitalière privée, le seul en France à l’époque à former les directeurs de cliniques. »
Un passage par la Fédération de l’Hospitalisation Privée (FHP) affine son expertise. Il y apprend à jongler avec les contraintes réglementaires, les enjeux RH et financiers. Mais il lui manque « le terrain ». Ce sera la psychiatrie d’abord, puis la direction d’un groupe en pleine croissance, Inicea, qu’il accompagnera jusqu’à sa mutation en structure nationale. « C’était un beau groupe. Mais l’arrivée d’un fonds financier a changé la philosophie. J’avais besoin d’humanité. »
L’Orléanais d’adoption
C’est presque par amitié qu’il rejoint Orléans en 2017. « Je connaissais Christophe Alfandari, le PDG du groupe Saint-Gatien. Je lui ai toujours dit que j’aimerais bosser avec lui un jour. » Ce sera chose faite : Tulipani est recruté comme DG du Pôle Oréliance, avant de prendre la présidence en 2019.
Il découvre une ville « un peu froide au début, comme Clermont-Ferrand, mais une fois intégré, c’est une famille. Une ville très agréable, accueillante, avec un bon équilibre entre qualité de vie et accessibilité. » Semaine à Orléans, week-ends à Lyon où vit sa famille. Un choix de vie mûri : « Mieux vaut être à 100% avec sa famille le week-end que 15% chaque jour. »
Oréliance : un poids lourd du privé à mission publique
Avec près de 1100 professionnels, 500 lits et places, et 115 000 patients par an, Oréliance est un mastodonte privé du paysage orléanais. Chirurgie, médecine, urgences, dialyse, PMA, radiothérapie, cardiologie, maternité : l’établissement est presque complet. « Il ne manque que la réa, la neurochir et la chirurgie cardiaque. »
L’attractivité est au cœur de la stratégie. « Recruter un médecin, ça commence par lever les angoisses du libéral. On les accompagne de A à Z. URSSAF, CARMF, logement, scolarisation : ils n’ont qu’à se concentrer sur leur activité. » Le pôle utilise même des services comme Jobpack, avant même la métropole.
Les chiffres parlent : parmi toutes les spécialités à la pointe d’Oréliance, on peut compter notamment 21 anesthésistes, 19 cardiologues, 12 ophtalmologistes, 8 chirurgiens de la main, etc, « avec l’objectif d’atteindre 15 000 interventions par an dans cette spécialité. » Oréliance est ainsi devenu « l’un des plus gros centres de chirurgie de la main de France. »
Un système de santé contraint mais stimulant
Le PDG est lucide sur les limites du système. « On est une entreprise, mais avec des tarifs, des normes, un volume d’activité, tous fixés par l’État. Plus encadré que ça, c’est compliqué. Nos marges de liberté sont minimes. »
Pourtant, l’établissement reste en croissance. Grâce à sa polyvalence, il peut amortir les chocs. Mais Tulipani alerte : « plus de 40% des cliniques sont aujourd’hui en déficit. Et pour une structure privée quand nous n’arrivons plus à payer, c’est le tribunal de commerce et la fermeture, malgré notre mission de service public. »
La crise du recrutement paramédical est également un défi quotidien. « Il y a une pénurie. À une époque, sur mes 38 infirmiers budgétés au bloc, j’étais tombé à 17. » Il milite pour davantage de formations à Orléans : « On est préfecture de région, et il n’y a qu’un seul IFSI. Ce n’est pas suffisant, même si les quotas ont augmenté ces dernières années. »
Des valeurs de gestion, pas de spéculation
Contrairement à d’autres établissements, Oréliance n’est pas aux mains de fonds d’investissement. « On a toutes les forces d’un groupe, avec les avantages d’un indépendant. » Une gestion familiale qu’il chérit, proche et professionnelle. « Notre responsabilité en est d’autant plus grande ».
Quant à l’intéressement des médecins ? « Je n’y crois pas. Ce n’est pas leur métier d’être actionnaire. Moi, mon rôle, c’est qu’on réponde au même objectif, même si on ne prend pas le même chemin. »
La création du CHU d’Orléans n’est pas perçue comme une menace, bien au contraire. « On n’est pas en concurrence. On est le Nord, ils sont le Sud. Pendant le Covid, la coopération a été exceptionnelle. » Des externes seront formés à Oréliance, jusqu’à 14 par an. « Aujourd’hui, nous accueillons déjà des internes (jusqu’à 5 sur le site et nous serons terrain de stage d’externes avec le CHU ».
Un regard critique sur la santé en France
Stéphane Tulipani ne mâche pas ses mots : « Jamais autant d’argent n’a été mis dans la santé, et jamais ça n’a aussi mal fonctionné. On croule sous les normes. » Il évoque « des dizaines de dossiers d’autorisations déposés pour faire ce qu’on faisait déjà. »
Il rêve d’un système repensé : « La T2A (tarification à l’activité, ndlr) a ses défauts mais ses vertus aussi. Il faut un mixte entre dotation et activité. Et surtout, arrêter de rajouter des strates administratives. Laissez-nous bosser. »
“On fait un métier extraordinaire”
À ceux qui hésitent à rejoindre le monde de la santé, il répond simplement : « On soigne des gens, on travaille avec de l’humain. C’est la plus belle des matières. » Il se souvient, ému, quand il travaillait en psychiatrie, de cette patiente prostrée devenue actrice dans une représentation un mois plus tard : « Là, vous vous dites que vous avez bien bossé. »
Et de conclure : « Chez Oréliance, on recrute. On est bien. On développe notre démarche RSE. Et surtout, on fait un métier formidable. Ceux qui veulent venir seront les bienvenus. »
Bien-être au travail : une priorité assuméeChez Oréliance, la qualité de vie au travail ne relève pas du discours : c’est une politique intégrée à la gestion quotidienne. « Ce qui fait la différence aujourd’hui, au-delà du salaire, c’est l’environnement que vous créez pour vos équipes », insiste Stéphane Tulipani. Malgré les tensions sur le recrutement, notamment chez les infirmiers et sages-femmes, la clinique mise sur des actions concrètes : - Partenariats avec des crèches pour faciliter la conciliation vie pro/vie perso. - Événements internes et moments conviviaux tout au long de l’année. - Accords et initiatives RSE, y compris l’aménagement d’espaces verts, de lieux de repos et d’un patio accessible aux acteurs PSO. - Partenariat avec des clubs sportifs comme le Rugby Club Orléans (RCO) ou l’Orléans Loiret Basket (OLB) pour des places en loges réservées aux salariés - Dialogue permanent avec les équipes, qu’il s’agisse de suggestions terrain ou de retours via la newsletter interne. « On essaie de faire en sorte que les gens se sentent bien ici. Et ça commence par écouter, corriger, et faire mieux chaque jour. Savoir reconnaître que vous n’êtes pas parfait est déjà le début de l’amélioration », conclut le dirigeant, pour qui « le bien-être est une composante essentielle de la performance. » |
Pour plus d’informations sur le Pôle Santé Oréliance, c’est par ici.
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