Mobislow : réinventer la mobilité rurale depuis le Loiret

Entre innovation sobre, design accessible et économie circulaire, Frédéric Porquet veut remettre l’humain et le bon sens au cœur de la mobilité. Depuis le Loiret, son projet Mobislow prend forme : un petit véhicule électrique taillé pour les campagnes, assemblé localement et pensé pour durer. Rencontre avec un entrepreneur atypique qui roule à contre-courant.

Le prototype de Slappy est assemblé à Bonny-sur-Loire.

De l’industrie lourde à la mobilité douce

Frédéric Porquet n’est pas un startupper comme les autres. À 56 ans, ce Nordiste d’origine a déjà roulé sa bosse : Shanghai, Paris, Lisbonne, Thaïlande… une carrière d’industriel entre postes de direction technique et responsabilités d’usine. Et puis un déclic, une discussion familiale :

« Mon fils m’a dit que j’étais nul pour l’environnement, que je prenais l’avion comme un bus… Je lui ai répondu “t’as peut-être raison”. J’ai décidé de rentrer en France et de faire quelque chose qui ait du sens. »

Une réponse locale aux défis globaux

Cette "chose", c’est Mobislow, une jeune entreprise incubée à The Place by CCI 45, dédiée à l'innovation dans la mobilité.

« Mon idée, c’était de créer un véhicule intermédiaire, entre le vélo et la voiture, pour les zones rurales. Pas un gadget urbain, mais un outil pratique, simple, électrique, pour aller chercher le pain, amener son chien à la chasse ou transporter une broussailleuse. »

Slappy, un nom qui claque

Le premier modèle s’appelle Slappy. Une petite auto électrique de catégorie L6, limitée à 45 km/h, 100 % réparable, montée en kit, accessible aux garages solidaires.

« Slappy, c’est la deuxième voiture idéale : entre 13 000 et 15 000 euros selon les options, et une empreinte carbone ridicule par rapport à une voiture classique. Ma Tesla fait 2,4 tonnes, Slappy fait 350 kg max. »

L’économie circulaire comme carburant

La singularité de Mobislow ? Sa logique de réemploi : « Je récupère des pièces dans les centres de véhicules hors d’usage. Moyeu, porte-moyeu, disques de frein : tout ce qui peut être reconditionné l’est. On ne jette rien, on remanufacture. » Même la fabrication est pensée pour être décentralisée. Le prototype est assemblé à Bonny-sur-Loire, et Frédéric veut s’appuyer sur un réseau de garages solidaires pour la production finale.

« Le client peut même personnaliser et finir l’assemblage lui-même. C’est un peu comme un meuble Ikea... mais à moteur ! »

L’appui structurant de The Place

Mobislow est l’un des tout premiers projets accompagnés par The Place by CCI 45, incubateur gratuit dédié à la mobilité. « Franchement, The Place m’a apporté un écosystème. C’est grâce à Camille Coulon et Guy Boulanger que j’ai rencontré l’aéroport de Châteauroux, qui veut tester le véhicule. Ils m’ont mis en lien avec des communes, des partenaires, des financeurs. »

Camille Coulon (CCI Loiret) et Frédéric Porquet (Mobislow) au siège de la CCI Loiret, devant l'espace The Place.

Un modèle pensé pour les territoires

Slappy vise principalement le marché rural et B2B : communes, intercommunalités, parcs touristiques. « Les villes sont saturées d’offres : vélos, trams, bus… mais à la campagne, il n’y a rien. Pourtant, c’est là qu’on a besoin d’un petit véhicule sobre et fiable. Slappy, c’est une réponse concrète. »

Une ambition réaliste mais engagée

Le prototype roulant est prévu pour juin 2025, avec une présentation au salon Drive to Zero à Paris. Frédéric a déjà obtenu une aide de l’ADEME dans le cadre de France 2030 et vise une homologation L6 cette année, puis L7 (jusqu’à 80 km/h) en 2026. « L’homologation, c’est 150 à 200 000 euros de budget. C’est lourd, mais indispensable. Ensuite, je vise une montée en puissance avec 25 véhicules en pré-série en 2026, puis 450 par an. »

Un homme de réseau plus que de levée de fonds

Frédéric reste prudent : « Je ne vise pas le marché de masse. Je veux créer une boîte saine, à taille humaine, avec un vrai impact. Et pour ça, il faut s’ancrer localement. C’est pour ça que je veux rester dans le Loiret, que je travaille avec des entreprises régionales. » À contre-courant des levées de fonds spectaculaires et des pitchs bien huilés, Frédéric revendique une approche artisanale de l’innovation :

« J’ai dirigé des usines, mais là, je repars de zéro. Je ne suis pas bon en com’, je cherche un associé pour m’épauler. Mais j’ai une vision claire. Et surtout, j’ai l’énergie. »

2030 en ligne de mire

D’ici 2030, Frédéric voit loin : lancement de Slappy, puis du Slog (un pick-up L7), et pourquoi pas, en apothéose, un véhicule hydrogène ultra-léger dédié aux loisirs, baptisé Sledge.

« J’espère que d’ici là, l’hydrogène sera mature. Mais d’abord, Slappy doit rouler, et rouler bien. »

Fiche projet : Slappy

🚗 Nom du véhicule : Slappy

📍 Lieu : Bonny-sur-Loire (Loiret)

🎯 Public cible : Communes rurales, parcs, professionnels, ménages avec deux véhicules

💡 Particularités :

• Véhicule électrique léger (L6, puis L7)

• 100 % réparable et personnalisable

• Pièces de réemploi (économie circulaire)

• Montage final via garages solidaires

💶 Prix cible : 13 000 – 15 000 €

🔋 Autonomie : 110 km – recharge en 4h

📅 Objectif 2026 : 25 véhicules produits, puis montée à 450/an

🌍 Objectif long terme : Production locale, zéro import Chine, sobriété maximale

Pour en savoir plus sur l'incubateur de la CCI Loiret, c'est par ici.