Valentin Doligé (UDEL) : « Redonner du mouvement à notre économie »
- La rédaction d'Orléans Capitale
- il y a 3 jours
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Président de l’UDEL (Union des Entreprises du Loiret - MEDEF Loiret) depuis 2019, Valentin Doligé dresse un bilan lucide de son engagement syndical, entre crises successives, transformation des modèles économiques et attentes de stabilité. Expert-comptable de métier, il évoque son parcours, ses convictions entrepreneuriales et ses priorités pour le territoire. Entretien.

Orléans Capitale : Quel est votre parcours personnel et professionnel ?
Valentin Doligé : J’ai 44 ans, je vis à Orléans depuis 1998, où je suis venu faire mes études en économie, comptabilité et audit à la faculté de droit. Je suis expert-comptable et j’ai effectué tout mon parcours dans le cabinet Orcom, que j’ai rejoint en 2003. Je suis devenu associé en 2009, puis directeur général en 2015. En dix ans, l’entreprise est passée de 500 à 1 500 collaborateurs.
Comment êtes-vous devenu président de l’UDEL ?
Je découvre l’UDEL (Union des Entreprises du Loiret, ndlr) vers 2010 en tant qu’adhérent. J’y trouvais des matinales intéressantes, des échanges avec d'autres dirigeants. J’ai intégré le conseil d’administration en 2014, puis le bureau en 2016, à la demande de Francis Lheure, alors président. En 2019, il m’a proposé de lui succéder. J’ai accepté cette opportunité naturelle. Mon second mandat se termine en septembre 2025, et je suis candidat à un troisième, qui pourrait être un mandat de transition.
Qu’est-ce qui vous motive dans cet engagement ?
Je crois profondément en l’entreprise comme lieu d’inclusion, de décision, de projet collectif et de progrès. Les chefs d’entreprise sont souvent isolés. L’UDEL est un lieu de représentation, d’influence et d’échange. Nous agissons pour défendre les intérêts des entreprises, mais aussi pour construire, dialoguer et influencer les décisions publiques avec pragmatisme et responsabilité.
Quel est le rôle concret du MEDEF Loiret ?
Notre action repose sur trois piliers : représenter, connecter et former/informer. Nous siégeons dans des instances locales grâce au paritarisme, nous dialoguons avec les décideurs publics pour faire entendre la voix des entreprises, et nous animons le territoire avec des conférences, des matinales et des groupes de travail sur les grandes transitions : écologique, numérique, sociétale.
Combien comptez-vous d’adhérents ?
Environ 350. L’objectif n’est pas uniquement quantitatif, mais plus on est nombreux et représentatifs, plus on pèse. Nous gagnons des adhérents chaque année, même si certains nous quittent, parfois pour des raisons économiques.
Quels sont les grands résultats de vos mandats ?
Le premier mandat (2019-2022) a été perturbé par la crise sanitaire, puis énergétique. Le second a permis d’affirmer nos piliers stratégiques. Nous avons renforcé notre influence auprès des parlementaires, structuré notre organisme de formation, lancé le Réseau Femmes du MEDEF, renouvelé l’équipe permanente, et consolidé notre santé financière. En 2024, le MEDEF national nous a intégré au Conseil exécutif, une belle reconnaissance pour notre dynamisme local.
Comment jugez-vous la situation économique actuelle ?
Il y a une forme de paralysie. Les entreprises attendent, ce qui est contraire à leur nature. Ce climat d’incertitude est alimenté par une instabilité politique et réglementaire constante. Ce que nous demandons, c’est de la visibilité, de la cohérence, de la rationalité. Attendre, c’est s’affaiblir.
Quel regard portez-vous sur la politique économique du gouvernement ?
Il y a un décalage entre les intentions et les décisions. L’exemple de la directive CSRD (directive relative à la publication d'informations en matière de durabilité par les entreprises, ndlr) est parlant : les entreprises s’étaient préparées à publier leurs indicateurs extra-financiers en 2026, et tout est suspendu à la dernière minute. Ce type de revirement décourage l’engagement vertueux des entreprises. Ce qu’il faut, ce n’est pas moins de cadre, mais un cadre clair, simple, stable.
L’État est-il trop présent dans l’économie ?
L’État est une partie prenante incontournable. Mais aujourd’hui, il n’assume plus son rôle de stabilisateur. Il génère de l’incohérence et de l’instabilité. Ce n’est pas qu’il est trop présent, c’est qu’il est défaillant dans ce qui devrait être son rôle structurant.
Quel conseil donneriez-vous à un jeune entrepreneur dans le Loiret ?
Bien s’entourer. Lancer un projet, c’est transformer une idée personnelle en aventure collective. Savoir s’entourer d’associés, de collaborateurs, mais aussi de pairs via des réseaux comme l’UDEL, permet d’éviter des erreurs, de gagner du temps, d’ouvrir des perspectives. Et surtout : ne pas attendre. Agir.
Un mot de conclusion ?
Notre mission, c’est de faire réussir la France. Et pour cela, il faut une économie forte. Une économie forte repose sur des entrepreneurs libres, responsables, capables d’anticiper et d’agir. Il est temps de redonner du mouvement à notre économie.
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